JERRY. L’informatique version « récup »

Transformer des bidons de 20 litres en ordinateurs low cost : voici l’étonnant projet « Jerry Do It Yourself », qui permet, en mode collaboratif, d’équiper écoles, start-ups et associations à moindre coût.

Après le PC, le laptop, le smartphone et la tablette, voici le Jerry. Certes, à première vue, Jerry n’a pas la tête de l’emploi : un vulgaire jerrican de 20 litres (d’où son patronyme) garni de cartes à puces, câbles en bazar et disque dur peu glamour. Pourtant, cette « infrastructure informatique » à monter soi-même constitue la connexion tout-terrain la plus inventive du moment.

Jerry, avec son look de poubelle, n’est pas branché marques : il est pensé comme le réceptacle idéal pour composants de récup, et tourne sous logiciels libres. Un ami de Linux un peu routard, dont chaque exemplaire est unique. Et, selon la logique de ses concepteurs français, il doit donc fonctionner « à coût zéro ».

EXEMPLAIRE UNIQUE

Le principe de ce bidon électronique est de donner une nouvelle vie aux composants informatiques considérés comme des déchets. Un moyen de préserver l’environnement et de fournir des « infrastructures informatiques » aux personnes les moins connectées. Captage du wifi, navigation web, échange de SMS… Ces bidons magiques dopés aux applications open source peuvent remplacer bien des outils informatiques conventionnels.

Le Jerry est né d’une collaboration entre la start-up Hedera Technology et trois étudiants de l’ENSCI. Cet ordi DIY, dont chaque exemplaire et unique et dopé de composants divers, a déjà permis, par exemple de gérer la messagerie d’ONG, animer une plateforme de formation en ligne, ou encore faire tourner des jeux instructifs de d »couverte de l’informatique.

UN RESEAU EN AFRIQUE

Pas moins de cinquante Jerrys ont été construit l’an passé dans le cadre du projet « Jerry Do It Together ». Un développement qui prend appui sur des communautés « Jerry Clan » basées aussi bien en France qu’en Algérie, Côté d’Ivoire, Bénin et Togo. Autant d’espace d’échange, de bidouille et de débrouille qui permettent de repousser les limites de ces bidons connectés. Ces labos informels sont autant de cellules de recyclage et d’innovation. Déconstruction, détournement d’usage, création de logiciels et d’appli… Chaque contributeur participe à l’aventure de ces ordinateurs alternatifs.

Un moyen efficace, évidemment, de contourner, pour les associations, écoles ou start-ups, le coût prohibitif de l’arsenal informatique actuel, distribué par une poignée de constructeurs aux process de fabrication et de développement opaques. Un réseau où l’expression « learning by doing » est érigée en slogan. Actuellement en recherche de fonds, le projet Jerry Do It Yourself étend sa toile solidaire, notamment en Afrique. De découvertes en workshops, le jerrycan se fait couteau-suisse : cartes en open data ou réseau de santé sont au menu des nouveaux modèles. Et même son look destroy y passe. Ces derniers mois, les membres du « Clan » se lancent dans la déco de leurs bidons. Parmi les premiers modèles, un « Jerry » déguisé en « Tux », le célèbre manchot symbole de Linux…

Emilien et Justine sont venus nous présenter Jerry lors de Chaos Experience et ils ont animé un workshop : comment imaginer la boîte à outil qui permet à quiconque de répliquer un atelier de fabrication de Jerry :

 

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