Mutinerie et les 7 principes de l’Universal Design

Eric van den Broek s’est prêté au jeu d’une interview autour des 7 principes fondamentaux de l’Universal Design. Découvrez comment Mutinerie a mis en place très concrètement les principes UD au quotidien.

Vous trouverez ici les principes de l’Universal Design appliqués au coworking. Voyons à présent l’application de ces principes à une espace parisien : Mutinerie.

Principe 1 : Usage équitable

L’usage équitable est l’un des piliers d’un espace de coworking tel que Mutinerie. A la base, il s’agit d’une communauté, d’un lieu, et d’un contrat social autour de ce lieu.

L’équité est fondamentale dans ce contrat social. Cela se manifeste dans la politique d’abonnements, qui permet d’avoir accès à l’espace, sans nécessairement bénéficier d’un bureau fixe. La plupart des membres ont un accès illimité à l’espace et changent chaque jour de « bureau ».

Le système de réservation de la salle de réunion est un autre exemple de ce principe d’équité appliqué au quotidien. La salle de réunion est par défaut accessible à tous les membres sur le mode « fair use ». Si quelqu’un en a absolument besoin, il est possible de payer à l’heure pour la réserver. Les mêmes principes d’usage équitable s’appliquent pour les autres ressources (café, boisson…) pour lesquelles une petite cagnotte ou une tirelire est mise à disposition, chacun devant payer selon son usage.

Dans chaque interaction, nous veillons à ce qu’il y ait une relation d’égal à égal.

Principe 2 : Souplesse d’emploi

Mutinerie n’est pas uniquement un espace de coworking, c’est aussi un lieu événementiel.

Les postes de travail sont donc flexibles et la plupart des postes peuvent être déplacés ou enlevés pour accueillir un événement. La souplesse d’emploi de cet espace est à la fois un besoin et une envie. La contrainte immobilière à Paris est forte. L’espace disponible est fatalement limité, mais un grand nombre d’usages est possible. Nous procédons par exemple tous les 15 jours à une distribution de produits locaux que nos membres commandent à l’avance via la plateforme « la ruche qui dit oui ». Dans notre espace se produisent de nombreuses rencontres et de nombreux « hasards ».

Nous cultivons ces rencontres inattendues.

Principe 3 : Utilisation simple et intuitive

Mutinerie est un lieu qui bouge, un lieu très actif.

La personne qui accueille les résidents, les visiteurs, ou les prospects est un référent très important et nous essayons le plus possible d’en faire l’unique interlocuteur en cas de soucis (nous travaillons dessus encore car c’est un point à améliorer). Nous avons en tête de garder des règles simples, limitées au minimum vital.

Nous faisons avant tout appel au bon sens de chacun (par exemple, chacun doit laver sa tasse après avoir pris le café…).

Au sein de Mutinerie, nous souhaitons garder une partie de friction. De la friction nait la collaboration et la création.

Aussi, nous sommes pour une utilisation simple et intuitive, mais nous ne pensons pas nécessairement que tout doit être automatisé.

Principe 4 : Tolérance aux erreurs et à la sécurité

Nous faisons confiance, par défaut.

Nous sommes tolérants envers les petites erreurs ou les petits oublis. Quelques petites mises au point suffisent en général. Si d’aventure, il y a « rupture du contrat de confiance » ou faute grave, alors nous serions beaucoup moins tolérants. Cela ne s’est encore jamais présenté.

Les personnes, résidents ou visiteurs se responsabilisent.

Principe 5 : Contexte interculturel

Il y a beaucoup d’étrangers à Mutinerie. C’est quelque chose que nous souhaitons et encourageons, ayant nous même vécu à l’étranger.

Encore une fois, il s’agit de maximiser la diversité de compétences et de cultures, essentielle aux logiques créatives.

L’environnement est flexible, il correspond bien au besoin d’une population de passage. Nous travaillons aujourd’hui beaucoup sur un nouveau projet appelé Copass. Il s’agit d’une plateforme qui permet aux utilisateurs, avec un seul compte d’accéder à des espaces collaboratifs (coworking, fablabs, hackerspace..), partout dans monde.

Nous avons d’ores et déjà rassemblé une centaine d’espaces aux quatre coins du globe, que ce soit à Barcelone, Stockholm, Berlin, Rio, San Francisco, Tokyo… Les membres de l’équipe Mutinerie ont par ailleurs fait des échanges avec des managers d’espaces de coworking à l’étranger. Cela s’est révélé très riche d’enseignements.

Principe 6 : Critère de faisabilité économique

Mutinerie est l’un des rares espaces de coworking français à la fois privé et indépendantNous croyons que le projet doit être soutenable en lui-même.

L’indépendance intellectuelle, qui passe d’une certaine manière par l’indépendance économique est un concept central de Mutinerie.

Sur notre blog, nous avions écrit une série d’articles intitulée « les lieux de travail qui ont changé l’histoire ». Le premier traitait des monastères, notamment lors de la réforme de Cluny. Lors de cette réforme majeure, l’indépendance de l’abbaye vis-à-vis des pouvoirs temporels était un élément central, permettant le développement d’une pensée nouvelle. Cela passait donc par le travail, nécessaire à l’indépendance économique de l’abbaye. C’est dans ce contexte que s’est développé une pensée nouvelle qui a bouleversé les sociétés occidentales.

Principe 7 : Innovation associée aux consommateurs

Nous rassemblons autour de nous des personnes talentueuses avec qui nous avons plaisir à passer du temps et travailler. Nos membres sont nos pairs avant d’être des « clients ». Nous cherchons à réconcilier l’entreprise avec des activités qui ont du sens.

Nous cherchons à faire société, tout en respectant les individualités. « Libres ensemble », c’est notre devise et notre ligne éditoriale. Et cela fonctionne. Un an après l’ouverture, quatre projets sont nés d’associations de « mutins », en plus d’une cinquantaine de collaborations lors de différents projets.

Mutinerie a également été le berceau d’événements et d’initiatives qui depuis ont fait des petits partout en Europe:

 

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Yves Zieba

À propos de Yves Zieba

Yves Zieba est entrepreneur à Genève. Il a étudié à ESCP Europe, HEC Montreal, IMD et LBS, il s'est spécialisé en stratégie agile et en innovation ouverte. Il a effectué la plus grande partie de sa carrière au sein de grands groupes leaders dans leurs activités: Arthur D. Little, Mannesmann, Degussa, Safran, Total, Thomson Reuters. Yves a été intrapreneur dans un incubateur avant de devenir entrepreneur, il est maintenant un conférencier et mentor de start ups indépendant. Il enseigne auprès des programmes d'executive MBA; de Master et de Bachelor, notamment aux HEG, auprès de l'Université de Genève et de l'EPFL Innovation Park. Il est actif dans le monde associatif français et suisse, il préside l'association Pangloss, qui encourage l'innovation utilisant les modèles économiques ouverts. Il a co-fondé Genevita, une fondation pour le développement de la médecine personnalisée, et fait partie du Conseil Consultatif de Softweb, l'incubateur d'innovation sociale en Suisse Romande. Genevois d'adoption, il anime la communauté des 600 anciens ESCP Europe en Suisse, et est passionné par le sport et par les technologies de transfert du savoir et les nouvelles technologies de l'éducation.

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